La justice chinoise a rendu son
verdict pour mettre un terme au scandale de lait coupé à la mélamine, qui avait
intoxiqué l’an dernier 300 000 enfants, dont six n’avaient pas survécu.
A l’origine, la mélamine s’utilise
dans les résines, les engrais ou les colles. Les producteurs l’ont incorporée
au lait, car, après des tests de contrôle, elle simule des apports en protéine.
Les accusés mis en cause dans le scandale, ont écopé des peines les plus sévères,
à l’image de l’ampleur et de l’émotion suscitées par l’affaire. Trois d’entre-eux
ont été condamnés à mort, dont Zhang Yujun, principal producteur de la poudre
contaminé, écoulée à 600 tonnes pour une valeur de 994 700 dollars. Tian
Wenhua, l’ex-patronne de l’entreprise laitière Sanlu écope, quant à elle, d’une
peine de prison à perpétuité, avec
obligation de verser 2.24 millions d’euros d’amende. Elle est accusée d’avoir mis
sur le marché le lait coupé, alors qu’elle le savait non-conforme. Hormis ces
hautes personnalités, plusieurs autres
cadres supérieurs de la firme laitière Sanlu devront passer cinq à quinze ans
derrière les barreaux, entraînant ainsi la quasi-faillite de l’entreprise.
La Chine mal vue
Au total, 22 sociétés ont commercialisé
le lait frelaté, toutes répertoriées dans le rapport de l’enquête. Chacune
devra mettre en place un fonds spécial d’indemnisation d’une valeur de 160
millions de dollars, principalement destiné aux familles. L’affaire a mis à mal la réputation des
produits chinois par-delà les frontières asiatiques. Les autorités
nationales, pour reprendre les choses en main, ont promis de réformer l’intégralité
du système de contrôle des produits alimentaires, qu’ils soient locaux, ou
exportés.
Sommes-nous prêts à lire du
Balzac sur notre PC ? A parcourir le nouveau Renaudot sur nos écrans de
téléphone portable ? A plonger au cœur des œuvres de Jules Verne sur un
lecteur spécial ? Les tenants de l’industrie l’ont annoncé : le livre
électronique a fait des progrès considérables. Il est déjà très répandu aux
Etats-Unis et au Japon...reste encore la vieille Europe, à la traîne, où les
éditeurs affichent leur résistance au produit.
Premiers sur le marché
Aux Etats-Unis, les ventes de
livres électroniques sont en hausse. Au cours des neuf premiers mois de
l’année, elles ont augmenté de 55%. Un carton pour Sony, qui rafle la mise.
Depuis octobre 2006, le service Sony Reader a permis de vendre 300 000
exemplaires. 57 000 titres sont disponibles sur le portail de la maison,
et Sony espère allonger son catalogue en proposant 100 000 ouvrages d’ici la fin de l’année. Même
constat pour l’Iphone, qui s’est doté d’une nouvelle application conçue par
l’éditeur Penguin. Les utilisateurs peuvent ainsi accéder à des versions
électroniques enrichies de certains ouvrages sans pour autant naviguer
librement sur l’ensemble du catalogue. Les éditeurs américains l’ont bien
compris : la révolution du livre est inévitable, autant en tirer profit
dès maintenant. Dans cette optique, la maison d’édition Random House s’est
associée à Stanza, l’application de lecture des e-books utilisé par l’Iphone,
pour permettre aux lecteurs de télécharger gratuitement l’intégralité de
certains titres.
Europe mitigée
En Europe, Sony Reader et le
Kindle du libraire en ligne Amazon se sont développés sur le marché mais les
équipements trop chers et les catalogues encore faibles ont dissuadé plus d’un
utilisateur. Certains éditeurs sont
aussi réticents à cette nouvelle technologie, ce qui risque de les pénaliser
sur le long terme, par une demande
inéluctable qui finira par voir ailleurs. La Fédération des éditeurs européens
(FEE) critique, quant à elle, l’accord de Google avec les ayants droits
américains et européens. Elle y dénonce « un
affaiblissement des régimes existants des droits d’auteur » et un « contraste
avec les solutions européennes, dont le projet Europeana. » Toutefois,
des initiatives ont vu le jour, notamment en France, avec l’accord entre Sony,
Hachette et la Fnac et le projet autonome de Gallimard, de rendre son catalogue
numérisé accessible sur sa libraire en ligne.
Un sondage réalisé par le New York Times auprès des éditeurs
présents lors du dernier salon du livre de Francfort a confirmé l’avenir
numérique du livre. Pour beaucoup, les ventes d’exemplaires électroniques
auront pris le pas sur les ventes d’ouvrages « papier » d’ici dix
ans. Les Américains, eux, ont déjà une longueur d’avance. Au cours des neufs
derniers mois, les ventes de livres sur papier ont baissé de 1.5%. Un signal
d’alarme pour les éditeurs européens.
Tueries, pillages, viols,
combats à l’arme lourde, recrutement d’enfants-soldats, contrebandes,
exécutions quotidiennes, nettoyage ethnique. La guerre qui fait rage dans la
province du Kivu est considérée comme la plus meurtrière depuis la Seconde
Guerre Mondiale. La reprise des affrontements en octobre 2008 a provoqué le
déplacement de près de 200 000 personnes qui fuient les routes, leurs
maisons sur le dos. Des centaines de milliers d’autres demeurent encore prises
au piège. Tout est en place pour une nouvelle catastrophe humanitaire...dans
l’indifférence générale.
La rébellion prend les devants
L’Afrique des Grands Lacs est
le foyer mal éteint d’un conflit qui a déjà fait plusieurs millions de morts et
des centaines de milliers de réfugiés. Depuis peu, le feu s’est rallumé,
menaçant d’embraser toute la région. Plusieurs accords de paix ont vainement
tenté de mettre un terme à la guerre qui s’éternise, le dernier date de janvier
2008. Malgré ces tentatives, de violents combats ont repris dans l’épicentre de
la crise, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), dans
la région du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda.
Les regards se tournent en ce
moment sur Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Elle est le théâtre
d’une bataille sans merci entre les forces composites du gouvernement congolais
de Kinshasa (situé à plus de 1 500 kilomètres de là), et les rebelles
tutsis congolais du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP),
secrètement soutenu par le Rwanda tout proche. Le 3 décembre dernier, les
forces rebelles tutsies ont mis en déroute l’armée gouvernementale, obligée de
se retrancher dans le Sud-Kivu. Elles ne veulent pas pour autant brûler les
étapes. Un cessez-le-feu est décrété dans la ville, et la rébellion continue de
sévir aux abords des portes de Goma, dans les villages de Kimoka, Sake et
Nyanzale. Elle entend étendre sa zone d’influence, pour mieux y infiltrer des frères
rwandais voisins.
La rébellion est dirigée par
le général Laurent Nkunda, un Tusti congolais natif du Rwanda, qui a combattu
les Hutus génocidaires aux côtés de l’actuel président du Rwanda, Paul Kagame,
lui aussi Tutsi. Le général réclame des négociations directes avec Kinshasa,
capitale de la RDC, sous peine de marcher sur la ville. De fait, il méprise
toute autre réunion nationale sur la crise, qu’il considère comme « un sommet de plus ».
Choquée, la communauté internationale réagit immédiatement, provoquant une
internationalisation du conflit. L’ONU envoie alors ses casques bleus en renfort.
L’ONU impuissante
Malgré un déploiement de
17 000 soldats et un solide mandat qui l’autorise à employer la force, la
Monuc n’arrive pas à tenir sa promesse d’un avenir de paix. La Mission des
Nations unies en République démocratique du Congo n’a pas réussi à défendre la
capitale provinciale, après avoir laissé la guérilla gagner du terrain. La
Monuc est la plus grande opération armée menée par l’ONU sur la planète, mais
elle apparaît bancale, souffrant de grandes difficultés. Elle est dispersée dans
une région aux montagnes escarpées, s’embourbe dans de lourdes procédures
typiquement onusiennes, et se compose de soldats souvent peu formés. Certains
sont parfois originaires de pays rivaux (comme l’Inde et le Pakistan), d’autres
préfèrent participer aux pillages de métaux précieux plutôt que de repousser la
rébellion menaçante. Résultat : une armée de bric et de broc, formée à
grand renforts d’argent et d’instructeurs étrangers, qui court droit au fiasco.
Une horreur qui rapporte
Le conflit trouve ses origines
dans le génocide du Rwanda perpétré en 1994, lorsque les Rwandais Hutu des
Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), ont trouvé refuge dans le
Kivu voisin. Depuis, le CNDP de Laurent Nkunda accuse les autorités de Kinshasa
de ne pas désarmer, voire d’abriter et d’être alliées à ces soldats, dont
beaucoup sont coupables d’avoir participé au génocide des Tutsis (800 000
morts). Officiellement, c’est donc contre ces « génocidaires » que se
bat la rébellion, pour venger la minorité tutsie du Congo. Bien entraînés et
bénéficiant d’équipements militaires modernes, les quelques milliers de
rebelles obéissent au doigt et à l’œil de leur général Nkunda, se livrant à un
série de massacres. Malgré les démentis de Kigali, le CNDP demeure son bras armé
dans l’est de la RDC. Même si le Rwanda a renoncé à annexer la province, il
considère la région comme faisant partie de sa zone d’influence. Les richesses
minières qu’elle recèle garantissent également une bonne part de l’expansion
économique du pays.
Face aux insurgés, l’armée du
gouvernement congolais fait grise mine. Quoique plus nombreuse et amie des
groupes ethniques locaux (Maï-Maï et Rastas), elle s’est rapidement éclipsée
devant l’offensive rebelle. Postée à des centaines de kilomètres de Kinshasa,
cette force disparate tente de se reconstruire, en proie à des dissensions
internes. Elle passe aussi beaucoup de son temps à piller les ressources
naturelles de la province, qui regorge de bois et de minerais précieux. Une
fois extraits à la sueur des civils, parfois même des enfants, les minéraux
transitent via l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi frontaliers. Au-delà des
luttes politiques et ethniques, cette bataille des richesses est l’une des
racines les plus profondes de ce sanglant conflit. S’est mise en place une
véritable « économie de guerre », qui enrichit les chefs militaires
locaux, gouvernementaux, les pays voisins, parfois ennemis, souvent complices.
Dans ces conditions, on comprend qu’à part une population pauvre et désarmée,
une paix durable n’aurait d’intérêt pour personne d’autre.
Dans la grande pièce théâtrale du
monde, elle a longtemps interprété le premier rôle avec succès. Sa troupe s’est
agrandie, son prestige aussi. Aujourd’hui, la presse critique son jeu d’acteur,
et le public s’en éloigne. Entre heurs et malheurs, l’Otan peine désormais à
décrocher le nouveau rôle, qui lui rendra sa gloire d’antan.
L’Otan fêtera en 2009 ses 60 ans. 60 ans d’engagement militaire, de
médiation des conflits. 60 ans de grandes missions, peu à peu noircies par des
crises internes sérieuses. Le futur sommet se déroulera de part et d’autre de
la frontière franco-allemande, à cheval entre Strasbourg et Kehl. Il sera
l’occasion de faire le point sur une organisation qui, depuis sa création en
1949, a gagné en poids mais perdu en crédibilité. Certains se raccrochent à
elle, comme seule garante de la paix dans le monde. D’autres la dénigrent
officiellement, de l’anarchiste « anti-otan » à la superpuissance
russe. Depuis la fin de la guerre froide, l’organisation du traité de l’Atlantique
Nord traverse une crise existentielle. Pour maintenir sa place entre l’ONU et l’UE, l’Otan est condamnée à rechercher une
nouvelle identité dans un contexte géopolitique en constante évolution.
Peut-elle rester un acteur incontournable, tel qu’elle l’a été à sa
naissance ? Sa volonté d’expansion
n’a-t-elle pas terni son image ? Doit-elle répondre à de nouveaux
objectifs pour redorer son blason ? Pour comprendre ces vives inquiétudes,
il faut retourner au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Aux premiers
jours d’une organisation solide et ambitieuse...
Tombée à pic !
En 1948, bien que la Grande Guerre soit terminée, les pays Occidentaux
redoutent un nouveau soulèvement de l’Allemagne. A l’Est aussi, la menace soviétique
se devine. Dans la crainte d’un nouveau véto soviétique à l’ONU, les Alliés
européens cherchent à s’organiser avec l’aide des Etats-Unis. Le coup de Prague
du 12 mars 1948 et le blocus de Berlin confirmeront la volonté européenne,
d’assurer efficacement la défense de leur territoire. Le 4 avril 1949, douze
démocraties se retrouvent à Washington pour signer le Traité de l’Atlantique
Nord, destiné avant tout à contenir les forces soviétiques sans recourir
à l’atome.
Très vite, l’Otan adopte une structure bicéphale, civile d’un côté,
militaire de l’autre. Les grandes décisions sont prises lors de la réunion
hebdomadaire du Conseil de l’Atlantique Nord, sous la présidence du secrétaire
général*. Il est le seul organe de décision, doté d’une représentation
politique et d’un pouvoir réel. Le Commandement allié des opérations, plus
communément appelé Shape, dirige
quant à lui l’aspect militaire, des quartiers généraux aux états-majors
interarmés. Une vingtaine d’autres acteurs gravitent également autour de
l’Otan, dédiés au soutien de son commandement politique et militaire (par
exemple, le NURC qui s’occupe des recherches sous-marines). Avec à ses pieds,
des fondations solides, et à sa tête, douze des plus grandes démocraties, l’Otan fait naître des espoirs de paix. Elle tombe
à pic dans la Guerre Froide, et s’en tire sans vider une seule cartouche.
Grandeur et décadence
Les futurs évènements historiques vont toutefois changer la donne,
obligeant l’Otan à s’adapter. Pas sans difficultés. Des crises majeures vont
remettre en question les fondements même de l’alliance. A commencer par 1989.
Chute du mur de Berlin, et avec lui, l’effondrement du monde soviétique.
L’Ouest est vainqueur. Plus d’URSS, plus de satellites environnants. Plus de
pacte de Varsovie. Se pose alors une question essentielle : l’Otan
peut-elle survivre aux conditions historiques de sa naissance ? Pourtant,
l’alliance poursuit son élan. On note même qu’elle s’élargit doublement. Depuis
la fin de l’affrontement Est-Ouest, elle voit augmenter à la fois le nombre de ses membres et l’étendue de ses
missions sur l’ensemble de la planète.
D’abord sur le plan
quantitatif, l’Otan va développer ses relations diplomatiques, ouvrant la porte
à quatorze nouveaux pays. En 1990, les Peco (Pays d’Europe centrales et
orientales) intègrent le commandement armé. Neuf ans plus tard, c’est au tour
de la Pologne, de la Hongrie et de la République Tchèque, très vite rejoins par
sept autres Etats devenus membres lors du sommet de Prague en 2002. Au total,
ils sont 26. Seuls doivent encore attendre l’Albanie, la Croatie et la
Macédoine, laissés sur le pas de la porte. Déjà, les critiques fusent. Les pays
hostiles à l’extension de l’Otan reprochent aux Etats-Unis de tirer profit de
cet élargissement quantitatif. Serait-ce là un moyen de marginaliser un peu
plus ceux qui s’opposent à l’ouverture des ses missions ?
Le second élargissement de
l’organisation, l’extension de sa zone d’activité, ne va pas sans poser de
problèmes. Combats du terrorisme en Afghanistan, convois humanitaires après l’ouragan
Katrina, tentatives de stabilisation du conflit au Kosovo, formation de forces
de sécurité en Iraq ... Il ne s'agit plus seulement de protéger les différents
membres de l'Alliance d'une agression : l'Otan doit désormais être prête à
contrôler les crises majeures sur toute la Terre. Ce concept, affirmé
solennellement à l'occasion de la commémoration du cinquantenaire de
l'Alliance, en 1999 à Washington, a été renforcé à la suite des attentats du 11
septembre 2001 et encore lors du récent sommet de Prague. La déclaration finale
stipule en effet : « L'Otan doit pouvoir
aligner des forces capables de se déployer rapidement partout où elles sont
nécessaires [...], de mener des actions à longue distance et dans la durée. En
outre, les Alliés affirment entériner « le concept militaire agréé de défense
contre le terrorisme ». Depuis cette nouvelle définition des objectifs, les
opinions divergent. Les capacités militaires de l’Europe font débat. La Force
européenne de réaction rapide (FERR) à l’initiative de l’UE poursuit en
parallèle la même vocation que la Force de réaction de l’Otan (FRO). Sachant de
plus que certains pays d’Europe ont des moyens militaires trop insuffisants, en
deçà des 10 milliards d’euros. Le fossé alors se creuse entre les
« grands » et les « petits » pays. Ce qui provoque des confrontations, au sein
même de l’Otan. Les membres se divisent, pouvant conduire jusqu’au retrait de
l’un d’entre-eux. On se souvient encore du cas de la France en 1966.
Divergences otaniennes
Depuis le sommet de Bucarest en
avril dernier, une réforme de l’Otan est jugée nécessaire pour la majorité des
membres. La tendance se dessine entre ceux qui veulent une « Global
Nato » à l’américaine, qui associe partenariat et politique
d’élargissement ; et ceux qui ne veulent pas d’un Otan « couteau suisse, un outil
multifonction que l’on utilise partout et pour tout» pour reprendre
l’expression d’un diplomate français. Aujourd’hui, la mission en Afghanistan
est vécue comme un véritable test pour l’Otan. Contrôler la cohésion des
décisions et la coordination des actions. Depuis le renversement des
talibans fin 2001, plus de 1 000 militaires étrangers ont perdu la vie sur le
sol afghan, dont 27 Français, 25 Espagnols et une centaine de Canadiens. Avec
tous ces morts sur la conscience, l’épreuve ne semble pas encore réussie.
Entretien avec le spécialiste Jean-Luc Wingert sur la question de l'après-pétrole.
Pourquoi ne
parvient-on pas à avoir une vision juste du déclin de l’exploitation
pétrolifère ?
Les données dont
nous disposons sot de deux natures : technique, d’une part, et officielle,
d’autre part. D’un point de vue technique, l’évaluation des réserves de pétrole
n’est pas une science exacte et il existe une difficulté technologique à
l’estimer. Même pour l’activité passée, les chiffres diffèrent selon les
sources. Pour le prévisionnel, les écarts sont plus importants encore.
Quel est l’intérêt
d’ignorer la perspective de la fin du pétrole ?
Toute la logistique
de la mondialisation repose sur le transport peu onéreux, donc sur le pétrole.
Accepter la déplétion implique de remettre en question nos modèles de société,
notamment celui d’un système économique. Pour simplifier, disons que ceux qui
ont intérêt à cette mondialisation racontent son inéluctabilité, ses bienfaits
pour l’humanité et tablent, pour la sécurité de tous, sur l’autorégulation des
marchés. Et les maîtres mots, comme pour cette cécité sur la question du
pétrole, sont vision à court terme et laisser-faire. Car se préparer à l’après
pétrole implique de nombreuses remises en question.
Les biomasses
sont-elles une solution d’avenir suffisamment efficace pour pallier la
déplétion ?
La biomasse
(essentiellement biocarburants et bois énergie) représente une partie de la
solution, il existe actuellement un potentiel de développement important mais
els quantités disponibles seront vite limitées par les surfaces agricoles, qui
ne sont pas infinies. Nous serons encore confrontés aux limites des ressources
naturelles terrestres, d’autant plus qu’il faut garder une surface importante
pour la source d’énergie vitale qu’est la nourriture.
Dans votre livre,
vous semblez finalement considérer que la déplétion [phase où la production de
pétrole diminue] est une opportunité pour l’être humain… Mais n’annonce-t-elle
pas aussi d’immenses crises ?
La déplétion peut
effectivement être un évènement positif, dès lors qu’il en sort des
transformations intéressantes. Mais les révolutions énergétiques ne se font pas
en un jour. Pour l’instant, rares sont ceux qui prennent conscience de
l’importance de ce phénomène. Les jeunes générations intègreront ces nécessités
plus vite et, pour ceux qui auront connu la profusion, il faudra s’adapter.
Cela implique de toute façon des changements de comportement à très court terme
autant que l’avènement d’un nouveau modèle social. Il faudra, concrètement,
réduire l’utilisation de l’avion, moyen de transport énergivore par excellence.
Les prix vont exploser car une multiplication du prix du baril par 4 revient à
un doublement des frais de vol. […] Le bateau, en revanche, risque de se
développer puisqu’il a une excellente efficacité énergétique. Au-delà même des
marchandises, le transport maritime de passager pourrait connaître un nouvel
essor.
La biologie est en constant progrès. Elle évolue de pair
avec l’informatique, et lorsque les deux domaines se rencontrent, une
découverte jaillit. Un surprenant prototype de nouvelles biopuces pourrait
permettre de détecter plusieurs maladies. Explications.
C’est une révolution scientifique
que l’on n’attendait pas de sitôt. D’après le
Figaro, une nouvelle pratique des examens biologiques risque peut-être de
voir le jour. Elle se base sur le principe de la magnétorésistance géante,
codécouvert en 1988 par l’Allemand Peter Grünberg et le Français Albert Fret,
prix Nobel de physique en 2007. Des chercheurs américains de l’université
d’Utah ont utilisé leurs travaux pour concevoir un prototype surprenant de
laboratoire sur puce.
Dans quelques années, un nouveau
dispositif, de la taille d’un lecteur de carte de crédit, pourrait permettre de
réaliser plusieurs dosages biologiques. Pour ce faire, il suffirait de déposer un
microéchantillon de sang ou d’urine sur une biopuce magnétique. « Pensez à la vitesse à laquelle votre
PC lit les données d’un disque dur, et imaginez la même technologie pour suivre
vos paramètres de santé », explique Marc Porter, rédacteur à l’Analytical Chemistry.
Un dispositif prometteur
Ce laboratoire de poche pourrait,
à terme, réaliser des bilans de santé en quelques minutes, capable de détecter
toutes sortes de maladies. Ces cartes magnétiques pourrait ainsi permettre de déceler
des agents infectieux, rechercher des marques de cancer, dépister des
pathologies précoces de type cardio-vasculaire, voire même la maladie
d’Alzheimer. La technologie employée à la fabrication de ce dispositif est déjà
bien répandue dans l’industrie et dans l’informatique. C’est pourquoi les
biopuces magnétiques sont peu onéreuses et commencent à se développer sur le
marché.
Depuis dix ans, les fabricants d’ordinateurs ont employé la
magnétorésistance afin d’augmenter de façon considérable la capacité de mémoire
des disques durs. Cette même technique a ensuite été appliquée à la biologie,
et des premiers prototypes sont apparus il y a sept ans. Beaucoup s’appuient
sur le principe de fluorescence, comme c’est le cas des biopuces qui décèlent
de l’ADN ou détectent le virus de la grippe aviaire. Pour que les biopuces
deviennent une réalité quotidienne, il faudra encore attendre plusieurs années
de recherches. Les scientifiques, eux,
espèrent réaliser des essais sur l’homme dans moins de cinq ans.
La littérature polar poursuit son
deuil. Quelques semaines après la disparition de James Crumley, elle a pleuré le 26 octobre dernier la mort de Tony Hillerman, âgé de 83 ans. Il était l’auteur de polars
ethnologiques à succès, restituant des pans entiers de mémoire aux indiens
navajos, tribu mise en scène dans la plupart de ses œuvres. Son intérêt pour la
question navajo n’est pas né au hasard. Il est le résultat d’un profond
humanisme caractéristique de l’auteur qui déplorait ces peuples désossés,
n’ayant aucun souvenir de leur culture indienne.
Né le 27 mai 1925 à Sacred Heart
(Oklahoma) dans une famille de cultivateurs, Tony Hillerman a passé l’essentiel
de sa vie à Albuquerque où il a notamment enseigné le journalisme de 1966 à
1987. Au fil de sa carrière, il s’est découvert une passion pour l’écriture,
dans un genre précis : le polar. Il découvre alors Raymond Chandler,
Graham Greene et les enquêtes du commissaire Maigret, chez qui il puise l’art
des scénarios bien ficelés. Ainsi débute sa grande aventure romanesque, mélange
de mythes et de réalités qui prennent corps dans la région indienne des
« Four Corners », située aux frontières des quatre Etats du Colorado,
du Nouveau-Mexique, de l’Arizona et de l’Utah.
"La Voie de l'ennemi"
(1970), "Là où dansent les morts » (1973) connaissent un triomphe dès leur
publication aux éditions Rivages. Dix ans plus tard, le public en redemande
avec « Le Peuple des ténèbres » et « le Vent sombre »
(1982), largement traduits puis adaptés au cinéma. Chaque lecture procure le
doux plaisir de retrouver toute la bande de personnages, du vieux lieutenant
Joe Leaphorn à l’enquêteur Jim Chee, sur fond de paysages venteux et
poussiéreux où planent les mystères chamaniques.
Lauréat de plusieurs prix
littéraires, dont certains livres en tête de liste des best-sellers du New York Times, Tony Hillerman se
lance en 1990 dans une forme nouvelle de polar (« les clowns
sacrés », « le premier aigle ») où le cri du coyote compte autant
que le cliquetis des ordinateurs. L’accueil de la critique est positif. Elle
souligne la capacité de l’écrivain à dépeindre avec justesse ses histoires et
ses personnages, à tel point que les lecteurs ont longtemps cru que Tony
Hillerman était lui-même d’origine navajo.
Loin de tout romantisme souvent
associé à ces peuples, l’auteur a touché son but premier. Comme le lui ont dit
plusieurs Indiens,« [à la manière
des] histoires que nos grand-mères nous
racontaient, les vôtres nous rendent le bonheur d'être navajos ». Une
hommage qui résume pour l’essentiel la portée de ses polars.
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Merlin malin
Entre deux grimoires, Merlin s'évade, observe le monde qui l'entoure. Une sélection de ce qui l'a interpellé, touché et inspiré.